Despatin et Gobeli
Tous deux sont nés en 1949, l'un à Dijon, l'autre à Strasbourg. Le plus brun porte des lunettes, le plus grand est moins timide.
Mais lorsqu'on les voit travailler ensemble, on ne sait plus lequel est Gobeli ou Despatin. Qinze ans de collaboration, de complicité, leur permettent de communiquer par monosyllabe dans une concentration abosolue.
Suivant les humeurs, les états d'âme, c'est Despatin ou Gobeli qui met met en place la chambrè 13x18 Sinar, un impréssionnant apppareil métallique à soufflets de cuir noir, pendant que l'autre fait prendre là pose. Là encore pas de sourires , peu paroles. Car ce qu'ils recherchent, c'est une image sans fard. C' est l'homme ou la femme tels quels, figés dans leur intensité.
Ils ont ainsi accumulé 5000 photos pour la Mission photographique de la DATAR qui s'appelle "Portraits de Français". Des visages qui racontent la vie en usine,à la campagne, en banlieu et dans les beaux quartiers.
"Après ça, c'était formidable de travailler à la Comèdie Française. Talma, Marivaux, Chénier, on a pu leur faire tenir la pose pendant dix minutes! On a tourné leurs bustes, on les a fait bouger, tout comme nos modèles vivants. On montre leur environnement, leur décor immédiat, exactement comme dans tous nos portraits.
Nous avons travaillé en lumière ambiante. C'était parfois difficile. Et les vibrations du métro qui passe en souterrain ont créé des problèmes".
Despatin et Gobeli ont passé quatre jours à prendre des photos à la Comèdie Française, en développant les images à chaque prise. Le développement est leur heure de vérité. C'est là qu'ils se parlent. Avec honnêteté, lucidité, pour parfaire encore leur démarche intransigeante.
Christiane Germain.
La Gazette du Français n° 14, mars 1985.