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Une chambre pour deux

Despatin et Gobeli sont à la photographie française ce que Chaffoteaux et Maury sont aux chauffe-eau. Citer Despatin sans Gobeli, et vous sentirez un grand vide. Ils se sont connus en 1969 et ne se quittent plus. Ce qui les pousse à faire chambre (noire) commune ? Pour Despatin (ou Gobeli) : « C’est la Sinar 13x18 . On se serait séparé si on avait travaillé au 24x36. L’un cadre, l’autre fait le modèle, pour étalonner. Les rôles sont interchangeables. » Couple idéal.

Les Despatin-Gobeli aiment les gens, ça se voit quand ils photographient. Leurs modèles sont recrutés en France, puisqu’ils sont à portée de main : soldat, dactylo, boucher, peintre au noir, clients de superette, grands, petits, masculin, féminin, majeur, mineur de fond. Ils achèvent aujourd’hui un inventaire musclé de jeunes sportifs après l’effort, épuisés mais ravis, mains moites, souffle court. Il y a des gymnastes, des plongeurs, des pistards, des tireurs, des boxeurs. Portraits en pied où les athlètes, sérieux comme de papes, fixent l’objectif avec interdiction formelle de bouger un orteil (vu les temps de pose). Autant dire que ça ne rigole pas chez les modèles. Et que ce sérieux donne aux portraits leur cohérence. Même si parfois, clone rimant avec monotone, s’insinue un sentiment d’inutilité et de vanité des choses.

Nane L’Hostis

Télèrama n° 2279 – 15 septembre 1993.

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